mardi 31 janvier 2017

Immigrants et emplois

J'ai écrit ce texte encore sous le choc de la tuerie survenue fin janvier dans une mosquée de Sainte-FoyEt je n'écrirai pas le nom du tueur pour les raisons que vous trouverez ici.

Comme humain, on se sent impuissant, on se demande quoi faire... De mon côté, il fallait que j'écrive quelque chose pour essayer d'aider un peu. Alors voici un billet sur l'emploi et la diversité au Québec.

Le paradoxe québécois
C'est un paradoxe : les Québécois sont en général très ouverts à la différence, et très curieux, ouverts et sociables lorsqu'ils voyagent ou rencontrent des gens différents, mais le taux de chômage des immigrants est plus élevé au Québec qu'ailleurs... Pourquoi ? Je ne sais pas. Et les causes ne sont pas tellement importantes, vu qu'on n'y peut pas grand chose sur le plan global. C'est individuellement que j'espère qu'il y aura un changement, par exemple qu'une entreprise envisage d'élargir ses critères à des candidats plus diversifiés pour faciliter son recrutement - quelle que soit cette diversité. Voici trois craintes ou freins à l'embauche et mes réflexions.

L'immigrant manque d'expérience québécoise / il ne parle pas bien le français (ou l'anglais) 
C'est vrai pour certains postes, mais des fois on exagère un peu : a-t-on vraiment besoin d'un "excellent anglais écrit" ? On s'assure de tester les connaissances réellement nécessaires et on valide la motivation du candidat : une personne enthousiaste peut se former rapidement pour les éléments manquants. Ensuite, des études françaises ont trouvé que les immigrants ont moins d'absentéisme et sont plus performants que la moyenne.

Il est surqualifié 
Beaucoup d'immigrants le sont. Les 55 ans et plus, les personnes surqualifiées et les immigrants ont plus de difficulté à se trouver un emploi. Être surqualifié ET immigrant crée une double motivation à se montrer plus loyal et engagé que la moyenne, enlevant les effets négatifs possibles pour l'employeur. Plusieurs employeurs m'ont dit que les "surqualifiés" en font plus dès qu'ils en ont l'occasion. 

Et les accommodements religieux (dé)raisonnables ?
C'est un mythe, les premiers demandeurs étant de très loin les... Québécois de souche, souvent pour des questions de handicap. La religion représente seulement 0.7% des plaintes reçues à la Commission des droits de la personne, et l'employeur a 34 fois plus de chance d'être l'objet d'un autre type de plainte.

Échecs et ressources
On ne se cachera pas c'est toujours exigeant d'intégrer une personne différente de l'équipe déjà en place. Ça demande un peu ou beaucoup d'adaptation de part et d'autre et la personne embauchée a elle-même une grande part de responsabilité dans le succès. Si on veut que ça fonctionne, il faut y mettre les ressources nécessaires et donner peut-être un peu plus de temps que pour les autres au début. Il existe aussi des ressources externes et des subventions pour faciliter l'intégration des immigrants, des handicapés, des 55 ans et plus, etc.

La meilleure raison
Au final, la meilleure raison pour favoriser l'embauche de gens différents, c'est qu'elle est un formidable levier pour la pérennité et la rentabilité de l'entreprise. Accroître la diversité a un impact direct et mesurable : il augmente le chiffre d'affaires, de 5 à 15% selon une étude récente.

Pour aller plus loin

mardi 24 janvier 2017

Jusqu'à 100% du salaire subventionné pour un emploi d'été ? Dépêchez-vous !

Vous aimeriez engager un étudiant pour l'été ? Différents programmes existent pour subventionner ces emplois. Par contre, vous devrez faire vite, la date limite pour certains programmes étant le 3 février, et entre mars et mai pour les autres.

J'avais présenté trois programmes de ce type en 2015, et j'avais mis à jour ces informations avec le programme bonifié de Service Canada l'an dernier. L'information est majoritairement à jour, à valider selon votre situation personnelle. En voici un résumé :

Service Canada - date limite : 3 février
Le programme s'adresse aux étudiants de 15 à 30 ans à temps plein. Les OBNL peuvent obtenir une aide financière jusqu'à 100% du salaire minimum, et les employeurs publics et les PME de 50 employés ou moins, jusqu'à 50%. Les demandes doivent être faites avant le 3 février pour l'été suivant. Pour plus d'information, cliquer ici.

Programme Desjardins au travail - date limite : selon les régions
Financé par les Caisses Desjardins, ce programme permet d’offrir un premier emploi d’été à des étudiants âgés de 14 à 18 ans. Les employeurs désirant participer au programme doivent s’inscrire au CJE de leur région. En 2015, dans ma région (Terrebonne-Mascouche), la date limite était le 7 mai. Desjardins résume l'esprit du projet ici (cliquer sur Desjardins - Jeunes au travail au bas de l'écran). Informez-vous auprès de votre CJE, pour trouver votre CJE, vous pouvez cliquer ici.

Fonds étudiant FTQ - date limite : entre le 15 mars et le 15 mai
Le programme veut favoriser la création d’emplois d’été à caractère éducatif et social pour les étudiants des niveaux secondaire à universitaire. Les employeurs admissibles sont les petites entreprises, les OBNL, les organisations syndicales et les coops. L'aide financière peut aller jusqu'à 90% du salaire brut. Pour plus d'information, cliquer ici.


mardi 17 janvier 2017

Employés qualifiés : pénurie en vue - no 1

La rareté de main d'oeuvre revient en force selon un article paru dans la Presse+ du 12 janvier dernier : Employés recherchés, désespérément. Le chroniqueur résume l'analyse de Statistique Canada pour l'emploi au Québec.

Une des données intéressantes : 84 % des 25-34 ans occupaient un emploi fin 2016. C'est un taux jamais vu depuis que cette donnée est suivie, soit 40 ans! Le chômage au Québec a également atteint le creux historique de 7.1% en 2016.

Concrètement, ça se traduit par des difficultés croissantes de recruter des employés, surtout des gens qualifiés, ou disponibles pour des horaires atypiques ou des tâches difficiles.

Et ces hausses sont en grande partie dues à la création d'emploi, entres autres stimulée par la baisse du dollar qui favorise le tourisme et les exportations, la construction des infrastructures et les technos vigoureuses. 

À ceci s'ajoute le fait qu'on recommence à dépenser dans le secteur public. Près de la moitié des 88 300 emplois créés au Québec depuis 6 mois l'ont été dans le secteur public. 

Ces facteurs circonstanciels sont amplifiés bien sûr par la tendance à long terme de la baisse des remplacements : il y a déjà actuellement plus de gens qui quittent à la retraite que de nouveaux employés qui les remplacent...

Les gagnants depuis 10 ans :
  1. Technologies de l’information, des services informatiques et des jeux vidéo + 37 %
  2. Services professionnels suit (ingénieurs, avocats, comptables) +32 % 
  3. Hébergement et restauration +31 %
Et la construction vient au 6e rang avec +27 %.

Les perdants :
  1. Foresterie -20%
  2. Fabrication -15%
  3. Agriculture -13%
Nous verrons dans le prochain billet des solutions pour faciliter le recrutement en période de pénurie...