vendredi 31 mai 2013

Fins d'emploi : bonnes raisons de bien les faire

J'ai déjà mentionné que 83% des personnes qui portent plainte à la Commission des normes du travail (CNT) ne sont plus en emploi. C'est logique : l'ex-employé n'a plus rien à perdre et a parfois l'espoir d'un gain. C'est d'autant plus fréquent s'il s'est senti lésé dans son ancien emploi ou dans le processus de terminaison.

Notez que je parle ici surtout du congédiement (fait lorsque l'employé est responsable de sa fin d'emploi) plutôt que du licenciement (fait lorsqu'il y a manque de travail), mais les deux demandent de bien les faire.

Ce texte fait partie de la série "Fin d'emploi", cliquer ici pour voir la série.
Congédiement sous le coup de la frustration ? Danger !

Trop de congédiements se font sur un coup de tête, après une accumulation de problèmes, non documentés, et souvent un vendredi après-midi...

C'est un risque monétaire direct pour l'employeur, qui vaut bien d'investir un peu de temps et parfois d'argent pour mieux le gérer.
Une fois le lien rompu, rien n'empêche l'ex-employé d'appeler directement les normes. Voici donc quelques bonnes raisons de bien faire les choses.

Du côté de l'ex-employé :
  • un employé frustré par sa fin d'emploi n'a rien à perdre
  • déposer une plainte ne coûte rien à l'employé 
  • la plainte pourrait même éventuellement lui valoir un montant d'argent
  • la CNT aide le plaignant dans ses démarches (médiation, poursuites, etc.)
Du côté de l'employeur :
  • l'employeur devra présenter un dossier cohérent pour justifier sa décision
  • il devra prouver qu'il a respecté la loi (ex. gradation des sanctions)
  • il devra prouver sa bonne foi (ex. qu'il a donné une formation à l'employé)
  • un ex-employé est souvent encore en contact avec les autres employés et les influence avec sa version (parfois déformée) des faits
  • les autres employés suivent de près les fins d'emploi pour savoir si ça peut leur arriver 
  • un congédiement mal géré peut dégénérer et nuire au climat, à la crédibilité du gestionnaire ou de l'entreprise
  • se retrouver devant les tribunaux peut nuire à l'image de l'entreprise
  • un bon processus permet parfois de trouver une meilleure solution que le congédiement
Notez qu'il y a une impression de la part des employeurs que la CNT est "pro-employé". Il y a un peu de vrai dans le sens où elle a été créée surtout pour protéger les droits des travailleurs. C'est un contre-poids naturel aux pouvoirs étendus des employeurs (droit de gérance, de licencier). L'histoire a bien montré que sans ce contre-poids légal, plusieurs employeurs tendent à abuser un peu ou beaucoup de la situation (pensez à l'effondrement au Bengladesh). Au-delà du point de vue moral et social, ça évite également une certaine forme de concurrence déloyale par ceux qui auraient tendance à couper leurs prix en exploitant leurs employés.
D'un autre côté, lorsqu'on écoute la population, plusieurs ont l'impression que la CNT penche plus souvent du côté de l'employeur. Je constate aussi que la CNT tente d'équilibrer les choses afin de ne pas perdre son temps devant les tribunaux avec des employeurs contestant ses décisions.

2 commentaires:

@MattDGN a dit…

Bon article Cybèle! Il faut conscientiser nos gestionnaires sur le fardeau de la preuve du côté de l'employeur :)

De plus, malgré qu'il faille parfois annoncer de mauvaises nouvelles, notons qu'une terminaison réalisée dans les règles de l'art peu, étonnamment, contribuer positivement à la marque employeur. Les personnes concernées savent généralement reconnaître un processus respectueux et empathique. Comme quoi c'est parfois dans les épreuves difficiles qu'on peut se démarquer!


Matthieu

Cybele Rioux a dit…

Bien d'accord qu'une fin d'emploi bien gérée peut faire une grande différence. Tous les employeurs ont un jour ou l'autre à terminer des employés, aucun ne veut se retrouver dans les livres de classe des futurs avocats...

Et merci Mathieu pour tes commentaires, c'est très apprécié !