mercredi 10 décembre 2014

Joyeuses fêtes et bonne année 2015 !

Je profite souvent du temps des fêtes pour renouer contact, faire du ménage, des casse-tête en famille. On prend un peu de temps pour soi ou alors seulement pour les autres...

On arrête aussi le plus souvent notre travail habituel, par rituel social ou besoin d'une pause. J'envoie d'ailleurs un merci spécial à tous ceux qui travaillent ou font du bénévolat ces jours là, permettant aux autres de profiter des fêtes dans le confort.

Cet arrêt pousse à la réflexion, entre autres de ce qu'on attend de la nouvelle année. Ce n'est pas pour rien qu'il y a de nouveaux candidats qui appliquent sur certains postes en janvier...

On recharge autant que possible les batteries, avec des activités plaisantes ou différentes, une sortie en plein-air ou à un match, un voyage, du temps passé auprès de gens qui nous font du bien. Je nous souhaite ça, de bien recharger les batteries durant le temps des fêtes, à votre façon et malgré la frénésie qui nous fait oublier pourquoi il y a un congé important au plus sombre de l'hiver. Alors je nous souhaite tout ce qui permet de bien savourer ce temps particulier, avec la santé comme point de départ.


Et un autre merci spécial à mes lecteurs et abonnés de mon info-lettre, vous êtes ma motivation pour continuer à écrire.

Joyeuses fêtes et une bonne année 2015 !

Cybèle

PS Je prend congé du 15 décembre au 2 janvier. Le blogue prend congé et vous revient mi-janvier et l’info-lettre mi-février. À bientôt !

samedi 6 décembre 2014

Le terrible 6 décembre de Polytechnique il y a 25 ans

Il y a 25 ans, 14 femmes sont mortes, tuées à l'école Polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989.

Aujourd'hui je n'écrirai pas sur les ressources humaines, et ce texte sera plus personnel et plus long que d'habitude. Très personnel en fait, parce que j'étais sur place ce jour là et que je sens le besoin de souligner cet anniversaire en racontant mon histoire.

Si je suis en ressources humaines aujourd'hui, c'est peut-être un peu à cause de ce qui est arrivé le 6 décembre 1989. J'avais 19 ans et j'étudiais à la Polytechnique pour devenir ingénieure géologue. J'étais sur place au moment où le tueur est entré dans l'école. Pour commémorer ce qui a modifié un peu l'histoire du Québec j'ai décidé de raconter ici comment ça s'est passé pour moi et pourquoi ça a changé mon parcours.

J'étais dans un labo au 4e ou 5e étage je ne sais plus, à faire un travail d'équipe. Un des étudiants est revenu de la cafétéria en disant "Ça a l'air qu'il y a un gars avec un fusil en bas..." On a hésité, puis continué à travaillé, vaguement incertains de ce qu'on devait faire.

Quelques minutes après, l'alarme incendie a retenti, on a alors tous quitté la classe rapidement sans rien ramasser et on s'est dirigé vers les sorties de secours.

Au début plutôt lentement, mais à mesure que d'autres personnes d'autres étages se joignaient à nous, on sentait une sorte de panique gonfler. Je me souviens de la fuite dans les escaliers sans savoir ce qui se passait, la peur de voir une porte ouvrir, l'étudiante à côté de moi qui a crié quand une porte a fini par s'ouvrir pour vrai, la sortie à l'extérieur dans un coin de la Polytechnique où je n'étais jamais allée.

Ensuite la course en "petit bonhomme" le long du mur, l'arrivée dans la sortie d'une des stationnements et la gentille employée qui m'a embarquée dans son auto jusqu'au métro. "Je vous trouve bien calme" lui ai-je dit... "Ooh, j'ai travaillé dans une banque, alors les hold-ups..." Bien sûr on ne savait presque rien encore sur ce qui arrivait.

J'ai pris le métro sans mon sac ni mon manteau, je me disais qu'une chance il ne faisait pas trop froid. J'ai appelé mes parents et parlé à quelques proches pour leur dire que j'allais bien. En regardant la télé avec ma coloc, je me souviens du mélange de peur et de stupéfaction à mesure que le nombre de victimes augmentait aux nouvelles.

C'était trop, à un moment des amis venus chez moi et nous sommes allés jouer au billard. Les pensées tournaient, je calculais dans ma tête : sur place nous étions peut-être 1000 étudiants présents ce soir là ? Si 10 ou 15% étaient des étudiantes, les 14 victimes représentaient 10% des étudiantes présentes... J'aurais facilement pu en faire partie si j'avais décidé d'aller me chercher un lunch au mauvais moment...

Les jours suivants je suis allée récupérer mes affaires à l'école. Une odeur de nettoyant plus forte que d'habitude ? Cette tache sur le sol ? Rien pour vraiment confirmer qu'il venait de se produire un des évènements les plus marquants du Québec, mettant une partie de sa population en état de choc.

Au début de l'année suivante, j'ai décidé de changer de branche, et après quelques hésitations, j'ai fini un peu par hasard par travailler en administration puis en ressources humaines. J'ai pris des cours et je suis devenue DRH puis CRHA. J'aurais peut-être atteint ce même résultat sans le 6 décembre, mais je ne le saurai jamais.

25 ans plus tard... On peut se questionner sur la pertinence de souligner cet anniversaire ou sur l'importance qu'il faut accorder aux visées anti-femmes du tueur. C'est très personnel et dans ce billet public, je vais me concentrer sur deux choses qui sont importantes pour moi à communiquer.

D'abord, j'ai décidé de souligner le nom des 14 jeunes femmes courageuses qui voulaient être ingénieures, et de ne plus nommer le nom du tireur qui est souvent le seul cité.
  • Geneviève Bergeron étudiante en génie civil
  • Hélène Colgan étudiante en génie mécanique
  • Nathalie Croteau étudiante en génie mécanique
  • Barbara Daigneault étudiante en génie mécanique
  • Anne-Marie Edward étudiante en génie chimique
  • Maud Haviernick étudiante en génie des matériaux
  • Barbara Klucznik-Widajewicz étudiante infirmière
  • Maryse Laganière employée au département des finances
  • Maryse Leclair étudiante en génie des matériaux
  • Anne-Marie Lemay étudiante en génie mécanique
  • Sonia Pelletier étudiante en génie mécanique
  • Michèle Richard étudiante en génie des matériaux
  • Annie St-Arneault étudiante en génie mécanique
  • Annie Turcotte étudiante en génie des matériaux 
Ensuite, contribuer à ce que ça ne puisse pas se reproduire, en vivant dans l'ouverture, le dialogue, l'empathie. Pas naïvement, pas dans l'ignorance, plutôt dans la confiance tranquille dans un espace commun plus grand que nos peurs et nos croyances, parce que je veux un monde lumineux, aimant, ouvert pour mes enfants et leurs enfants.