Parenthèse pour le contexte : je continue ici ma série de mes meilleurs moments relevés au congrès RH de Paris cet été, et c'est très étrange d'y repenser quelques semaines avec les événements du 13 novembre. Incapable de les passer sous silence, mais ne sachant pas quoi dire, j'envoie une pensée aux gens touchés par ce drame.
Voici en survol les points forts de la conférence de Dominique Anxo qui compare plusieurs pays et les effets de la démographie sur l'emploi et la gestion. Son étude a été effectuée en Europe, et il a utilisé quelques comparatifs avec les États-Unis. Mentionnant que les emplois, essentiellement agricoles à la fin des années 1800 sont passés au secteur manufacturier durant les années 60, puis ont régressé au profit des services depuis.
Il rappelle que la diversification énorme des produits offerts est très récente. Par exemple, la ville de New York offre environ 10 milliards de produits et services. Certaines tendances y sont liées comme la personnalisation et l'individualisation, la remise en cause de la hiérarchie, le flou entre travail et la vie personnelle, les changements des modes d'évaluation.
Déclin des qualifications et effets sur la classe moyenne
Il se demande s'il y a un lien entre le déclin de la classe moyenne et la réduction des emplois de qualification moyenne, ceux qui sont délocalisés, ou remplacés par des machines et des algorithmes. Cette tendance s'est vérifiée dans des pays nordiques : l'augmentation des compétences en général, a entraîné moins d'effets de la mondialisation ou des récessions sur la classe moyenne. Tandis qu'en Grande-Bretagne et aux USA, la diminution des qualifications de la population aurait entraîné la diminution de la classe moyenne et augmenté le clivage entre les personnes aux qualifications basses et élevées.
En Suède, en périodes de croissance les emplois les plus qualifiés sont ceux qui ont cru les plus rapidement. En récession, les emplois peu qualifiés ont le plus fortement diminué, tandis que les emplois plus qualifiés ont continué à croître quoique moins rapidement.
Comparaison Québec et Suède
M. Anxo a beaucoup parlé de la Suède qui se compare dans plusieurs aspects au Québec : 8 millions
d'habitants, impôts élevés, égalité homme-femme, faibles inégalités, pays nordique. S'ils ont 70% de
syndicalisation (contre 36% au Québec, voir réf. 1), il y a là-bas une attitude
positive des syndicats en faveur des mouvements de
personnel/restructuration, en autant qu'il y a un fort travail pour
replacer les chômeurs.
La Suède a une petite économie ouverte fortement exposée à la
concurrence mondiale, dont la philosophie se résume par : "compete by
the skills not by low wage". Il y a peu d'inégalités des revenus et ils font des investissements massifs dans la formation et l'éducation. 41% des
emplois sont dans le secteur tertiaire, et le taux d'emploi des seniors est
de 70%.
Emploi féminin
La Suède a le taux d'emploi féminin le plus élevé d'Europe. L'arrivée et le soin des jeunes enfants dans une famille n'ont aucun impact sur le taux d'emploi grâce à un congé parental très flexible et long, des garderies publiques, l'accès aux soins pour les personnes âgées, etc.
Tendances observées
Il observe en Europe le raccourcissement de la vie active (études plus longues, retraite prise plus tôt), qu'il met en parallèle avec l'allongement de l'espérance de vie. Au point qu'en répartissant les heures de travail sur la vie entière, on arrive à une moyenne de 12 heures par semaine...
Références
Présence des syndicats au Québec
Suède : Equilibre entre travail et vie de famille – une conciliation des plus réussies
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